Bienvenue dans la région nord-ouest entre le Bénin et le Togo, où vivent les Somba. Ces peuples, répartis le long de la chaîne de l’Atacora, se distinguent par leurs traditions et leur architecture unique. Aujourd’hui, nous plongeons dans l’histoire et la culture de ces communautés à travers leur habitation emblématique : le tata.
Les Somba regroupent plusieurs groupes ethniques, dont les Batammariba, établis à Boukoumbé au Bénin, et les Tamberma, situés de l’autre côté de la frontière au Togo. Originaires du Burkina Faso, ces peuples ont migré au XVIIe siècle pour fuir les guerres tribales et les razzias. Leur culture commune se reflète dans la forme architecturale de leurs habitations, les tatas, qui force l’admiration et suscite l’émerveillement des visiteurs. Un tata est une ancienne fortification en Afrique de l’Ouest. Le terme peut désigner les murs de terre crue qui entourent le village (l’enceinte), le village fortifié lui-même, ou même une véritable cité fortifiée. Parfois, il désigne aussi un centre politique et militaire. Les vestiges de tata, comme ceux de Maba Diakhou Bâ à Nioro du Rip au Sénégal, sont classés monuments historiques et datent généralement du XIXe siècle.

Les Tata Somba sont des habitations traditionnelles uniques au nord-ouest du Bénin et dans la région frontalière avec le Togo. Ces habitations, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, sont réputées pour leur architecture en forme de petits châteaux forts, minutieusement arrangés pour accueillir une famille. Les Somba, aussi appelés Tammari, sont reconnus pour leurs talents de bâtisseurs et vivent dans ces forteresses depuis des siècles, principalement dans la chaîne de montagnes de l’Atacora.
Un tata est une maison à deux étages conçue pour défendre ses occupants. Il sert de logement familial, de stockage de nourriture et d’abri pour les animaux domestiques. La porte d’entrée est toujours orientée vers l’ouest. Les entrées sont très petites, obligeant à se pencher ou à ramper pour entrer, et au seuil se trouve un autel du serpent », symbole de l’âme des ancêtres. À l’intérieur, on trouve des provisions, un moulin à grains, un abri pour les animaux et un autre autel.
La taille des tatas dépend du statut social des occupants et du nombre de personnes dans la maison. La construction utilise un mélange de terre, de ciment et d’eau, avec du torchis contenant de la paille aux étages supérieurs. Certaines maisons ont plusieurs étages, avec un système ingénieux de circulation d’air via une cheminée et des ouvertures limitées pour assurer la sécurité. Le toit est tissé de fibres de mil et de paille, et une couche d’argile et de bouse de vache assure l’étanchéité.
Il existe plusieurs variantes de tatas selon la localité. Le tata Natemba, situé à Tayacou dans la commune de Tanguiéta, se distingue par sa structure entièrement dallée. Le tata Otammari, représentatif des Batammariba, comprend trois chambres à l’étage et sept greniers. Le tata Otchao, trouvé à Boukoumbé, est une version modifiée du tata Otammari avec une terrasse dallée accessible par une échelle. Le tata Ossori, construit par les Bèssoribè, comprend une grande terrasse, trois chambres et quatre greniers. Enfin, le tata Berba, unique par son absence d’étage, se compose de neuf cases et deux greniers autour d’une cour intérieure.

Au Togo, le tata Tamberma est classé patrimoine mondial de l’UNESCO, principalement situé dans la région de Koutammakou, signifiant « là où on façonne le sable ». Cette construction, solide et résistante aux intempéries, est un témoignage vivant de l’ingéniosité des Somba.
Malgré leur attrait historique et culturel, les tatas sont en péril. Les jeunes générations préfèrent les logements modernes, et la solidarité nécessaire pour construire et entretenir ces habitations diminue. La fragilité des tatas nécessite des travaux de rénovation importants et coûteux. Des programmes de préservation et de sauvegarde ont été lancés, et des associations s’organisent pour promouvoir les tatas. Néanmoins, des matériaux modernes remplacent peu à peu les matériaux traditionnels, et les tatas en béton font progressivement leur apparition.
Un voyage au Bénin sans découvrir un tata laisserait un goût d’inachevé. Ces forteresses traditionnelles ne sont pas seulement des habitations, mais des symboles de l’histoire et de l’identité des Somba. En les préservant, nous honorons non seulement le patrimoine de ces peuples, mais aussi leur intelligente adaptation à leur environnement et leur résistance à travers les âges.



