La nouvelle de la disparition de Mère Jah, connue à l’état civil sous le nom de Ngoumou Edima Jah Evejah, a suscité une vive émotion à travers le monde. Décédée le 26 avril 2024 à Ouidah, au Bénin, Mère Jah laisse derrière elle un héritage indélébile en matière d’agroécologie et de panafricanisme.
Née le 14 février 1950 à Mfounassi (Yaoundé) au Cameroun, et d’origine guadeloupéenne, Mère Jah s’est installée au Bénin en 1997 avec sa famille. Cette installation marquait le début d’une mission claire : contribuer au développement durable du continent africain. Avec son époux, Père Jah, elle a créé la Sphère Jah à Ahozon, dans la commune de Ouidah. Leur domaine, situé sur un terrain concédé par l’État béninois, est devenu un centre de référence pour l’agroécologie, le CEVASTE (Centre d’Expérimentation de Valorisation de l’Agroécologie, des Sciences et Techniques Endogènes).
Mère Jah a consacré une grande partie de sa vie à la promotion de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. À travers le CEVASTE, elle a sensibilisé les agriculteurs locaux aux techniques culturales endogènes, évitant les pesticides et les engrais chimiques pour privilégier une agriculture biologique. Ses initiatives visaient à restaurer et préserver les terres, assurant une production agricole durable et respectueuse de la nature.

Parallèlement à ses activités agro écologiques, Mère Jah a fondé l’Ecolojah, une école primaire sociale et humanitaire. Située au cœur de la nature, l’école accueille entre 100 et 200 enfants par an, principalement des orphelins ou des enfants issus de familles démunies. Au-delà du programme national, les élèves y apprennent l’agroécologie, l’artisanat d’art utilitaire et la transformation agroalimentaire. L’enseignement de l’histoire panafricaniste est également un pilier de cette institution, avec des cours sur des figures telles que Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Malcolm X, et Nelson Mandela.
Mère Jah était également une militante panafricaniste. Elle croyait en un avenir uni et prospère pour l’Afrique, vision qu’elle a intégrée dans l’éducation des jeunes générations à travers l’Ecolojah. Les enfants y apprennent non seulement à respecter et valoriser leur environnement, mais aussi à connaître et honorer l’histoire et les luttes des grands leaders africains et afro-descendants.
En tant que figure du mouvement rastafari, Mère Jah et sa famille incarnaient le retour aux racines africaines, un principe fondamental pour les descendants de la diaspora africaine. Leur retour en Afrique et leur engagement pour le développement durable et la justice sociale sont un témoignage vivant de cette philosophie. Découvre ici son parcours atypique et puissant.
À 74 ans, Mère Jah quitte ce monde avec un sentiment de devoir accompli. Sa contribution à une alimentation saine et écologique, ainsi qu’à l’éducation des jeunes générations sur l’importance de la nature et du panafricanisme, restera gravée dans les mémoires. La reconnaissance et la gratitude exprimées par le peuple béninois et les admirateurs du monde entier dès l’annonce de son décès en témoignent.

Mère Jah laisse derrière elle une famille engagée et une communauté d’admirateurs déterminés à poursuivre son combat pour un monde plus juste et durable. Son œuvre continue d’inspirer et de guider ceux qui luttent pour la protection de l’environnement et l’unité africaine. Nous sommes chanceux d’avoir eu l’opportunité de croiser son chemin. Continuons les actions qu’elle a fièrement menées.
Que ton âme repose en paix maman !